Tous ici viennent du même endroit. Le monde d’en-haut, la terre florissante, le royaume des vivants. C’est là-bas que nous sommes tous nés et que nous avons évolué tout au long de notre vie. Jusqu’au jour fatidique. Le jour où vous vous êtes fait lacérer la gorge d’un coup de poignard, où vous avez reçu en votre torse une poignée d’éclats de métal acéré, où votre navire a chaviré, détruit sous le feu d’un navire ennemi où la pression des tentacules monstrueuses du Kraken. Ce jour-là, tout souffle d’une quelconque vie qui vous avait habité jusque là s’est éteint, et votre âme a fait son chemin jusqu’à nous, jusqu’au Royaume des Morts. Seule une personne peut te faire remonter chez les Vivants, bien que temporairement. On l’appelle communément le Passeur. Capitaine maudit d’un bateau fantomatique, il est condamné à errer pour l’éternité sur les eaux froides et sombres des Abysses pour y recueillir les âmes de morts en mer et les faire remonter à la surface. Mais la légende raconte que sa malédiction s’amenuise, et que bientôt, il se déchaînera de son gouvernail pour aller voguer vers un autre destin. Et là, compagnons d’infortune, nos âmes seront toutes à jamais piégées en ces lieux…

Toutes les âmes n’atterrissent pas dans ce Royaume. La plupart sont repêchées par le Passeur quand elles atteignent les Abysses et rapidement renvoyées à la surface pour y démarrer une nouvelle tentative de vie, bien souvent courte et truffée de malheurs. Mais pourtant nous sommes là… Pourquoi me demanderez-vous sûrement de votre frêle spectrale ? Tout simplement car à son tour, le Passeur nous a maudit, nous sommes désormais contraints de rester ici tandis que la porte pour les Royaume des Vivants nous est éternellement fermée à double tour. Cependant, dans son… avide bonté, le Passeur nous autorise à passer en l’échange de quelques pièces ou d’une mission à effectuer à sa solde. Bref, nous sommes désormais des otages à la botte d’un capitaine maudit, condamnés à errer dans les Limbes glaciales jusqu’à la fin des Temps…

Vous vous demandez peut-être ce qu’il y a ensuite… Je ne vais pas tourner autour du pot, il n’y a rien. Le Passeur a pactisé avec nos âmes, libre à chacun d’entre nous de suivre sa propre voie. Votre histoire commence là… Nous suivrez-nous dans notre quête, partirez-vous seul sur la mer, perdrez-vous pour l’éternité dans les Limbes ? Cela ne dépend que de vous et j’ai hâte de suivre votre parcours pour en tirer des fables, de même que j’ai soigneusement noté l’histoire de tous nos membres dans le troisième acte de mon Carnet. Quant à moi, j’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais il vous faudra vous montrer patient… Peut-être qu’un soir, au détour d’une choppe de grog ou au coin d’un feu, je vous conterai l’une de mes meilleures histoires. Celles-ci devraient pouvoir éveiller votre curiosité… Voilà la fin des chapitres introductifs de mon Carnet. Je ne cesserai d’étoffer ces pages tant que la moindre flamme de vie brûlera en moi, c’est une promesse que je vous fais ! D’ici-là, compagnons d’ici et d’ailleurs, je vous souhaite de trouver votre voie à travers les Ténèbres, et espère vous revoir dans un proche avenir à bord d’un de nos navires…